jeudi 15 novembre 2012

Dans l'univers de Jean-Philippe Jaworski

 Les temps sont durs et pour aider l'économie, il serait de notre devoir de consommer français. Ne nous faisons donc pas prier et piochons gaiement dans la fantasy locale. Après la très bonne découverte que fut Damasio, voici que Jaworski démontre que nos écrivains n'ont rien à envier à leurs collègues anglo-saxons.

2007

La première chose qui frappe quand on ouvre Janua vera, c'est la langue. Dotée d'une musicalité et d'une poésie admirables, la plume de Jaworski est un délice. Ses récits se savourent plus qu'ils ne se lisent. Un bonheur pour les yeux et les oreilles.

Les huit nouvelles qui composent le recueil narrent les aventures de personnages tous très différents les uns des autres tout comme les ambiances (inquiétante, comique, mélancolique...).

 A travers eux c'est un univers complexe qui se dessine. Un monde extrêmement bien construit avec sa géographie, ses civilisations distinctes (les personnages viennent de la république de Ciudalia, du Duché de Bromael ou encore du lointain royaume de Ressine), son histoire (avec des relations tendues, des guerres entre ces régions), ses religions (avec des références aux cultes de la Déesse Douce ou du Desséché).
Tout ceci participe à une réalité tangible, envoûtante et l'immersion se fait rapidement.

Janua vera constitue donc une bonne porte d'entrée, élégamment ouvragée, dans le monde de cet écrivain.




2009

Gagner la guerre reprend un personnage bien pittoresque du recueil. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le précédent ouvrage pour comprendre le récit qui nous occupe mais il donne un bon aperçu du caractère de Benvenuto Gesufal. Un homme peu recommandable mais qui finit par attirer la sympathie avec son langage si particulier et son intelligence fine. Dans le milieu dans lequel il évolue, c'est loin d'être inutile !

Car Gagner la guerre est un roman politique. Dit comme ça, ça ne donne pas envie, surtout pour un ouvrage qui dépasse les 900 pages. Pourtant, on suit avec un grand intérêt les manipulations, tractations, trahisons et stratégies des personnages dans leur quête du pouvoir. Et comment Benvenuto se retrouve au milieu de ce panier de crabes et va tenter d'en sortir sans trop y laisser de plumes.

Mais c'est aussi un roman d'aventures et grâce aux tribulations de notre héros, ce n'est pas seulement Ciudalia (une sorte d'Italie fantasmée) que l'on retrouve, c'est tout l'univers de Jaworski qui faisait rêver dans Janua vera.
Un roman dense, sans temps mort, avec des rebondissements et donc passionnant jusqu'au bout.

Jaworski confirme ici qu'il est un auteur de grand talent et qu'il est à suivre de très près.


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